Placages
sciés
Nous avons choisi de développer la production de placages
sciés car le fait d'obtenir un placage sans avoir à
étuver ou à bouillotter le bois pendant plusieurs
jours, comme pour le tranchage, apporte un "plus" considérable
à la qualité du produit.
Le sciage au "bois montant", l'ancienne technique remontant
à la fin du XVIIIe siècle, permet d'obtenir un placage
de grande qualité, dans des épaisseurs courantes
de 12 à 15/10 de mm. L'absence de bouillottage permet au
bois de ne pas être "lavé" et par là
même de conserver tous ses tanins, donc de mieux vieillir.
En effet, un bois bouillotté ou étuvé semble
lavé de toute sa substance et ses pores et ses fibres sont
très distendus.
Le fait de scier du placage implique que les fibres du bois soient
parfaitement sectionnées par les dents de la scie (à
condition de pratiquer un excellent affutage).
Le type d'affutage que nous avons choisi permet à la fois
un sciage et en quelque sorte un rabotage de la surface. Cela
donne une marque de sciage très ténue, à
peine visible, ce qui induit un temps de finition (râclage,
ponçage) beaucoup plus rapide et avec une perte de matière
minime. Un examen à la loupe permet d'observer que, contrairement
à certains placages sciés, il n'y a aucun arrachement
de fibre dans le fond du trait de scie, ce qui évite les
lacunes dans la matière, ce fait rendant les marques de
sciage difficiles à faire disparaître, et celles-ci
réapparaissant parfois au vernis.
Revenons à la technique du tranchage et du déroulage
pour compléter notre explication. Etudions de près
les croquis ci-dessous.

On voit que le principe du tranchage et du déroulage
consiste à faire pénétrer un couteau parfaitement
affûté, bien tenu sur un porte-lame et bien calé
par un contre-fer, dans une grume qui a subi un bain plus ou
moins long dans de la vapeur ou de l'eau bouillante. Devant
le couteau se trouve un presseur ou barre de pression, qui,
prenant appui sur la pièce à trancher ou à
dérouler, assure une épaisseur constante à
la feuille. On s'aperçoit que bien que le couteau soit
parfaitement affûté, lors de sa pénétration
dans le bois, il agit plus comme un coin que comme un instrument
tranchant. Ce qui implique un arrachement plus ou moins important
des fibres du bois, en fonction de sa dureté ou de sa
structure.
D'ailleurs, on remarque souvent sur la surface des placages
tranchés des sortes de plages d'arrachement de fibres,
ce qui entraîne bien sûr des problèmes de
ponçage à la finition. D'autre part, le tranché
étant d'une épaisseur bien inférieure au
scié (environ 6/10 de mm pour 12 à 15/10 de mm),
cela peut entraîner des "perces".
Dans les bois durs (bois de rose, bois de violette, palissandre...),
après quelques mois de placage sur un meuble, on s'aperçoit
sous le vernis de la présence de micro-fractures, bien
visibles sous lumière rasante, ce qui permet de bien
voir les parties de placages tranchés qui ont pu être
recollées sur un meuble originellement en scié.
C'est ainsi que l'on détermine qu'un meuble est soit
du XVIIIe siècle, soit du XVIIIe arrondissement !!!
Il faut aussi noter que très souvent, en agencement,
pour les boiseries, on cherche des placages qui ont exactement
la même couleur et le même aspect que les massifs.
La seule solution est là encore d'utiliser du placage
scié.
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